Roky Erickson est mort cette nuit, le 31 mai 2019, à l'âge de 71 ans. Et je dois avouer que j'ai été surpris de constater le nombre assez impressionnant d'hommages qui lui ont été rendus. Je ne pensais pas que nous étions si nombreux à admirer ce songwriter hors pair, tant il est généralement oublié des rétrospectives et autres classements qui permettent de découvrir ce genre de météorites.
Il faut dire que la carrière d'Erickson n'est pas des plus faciles à suivre : trois albums fantastiques avec les 13th Floor Elevators, deux albums avec The Aliens, et quelques albums solo pas forcément faciles à trouver et noyés parmi des compilations de chutes de studio sans grand intérêt. Pourtant Roky Erickson est important. Il faut parler de lui, le faire découvrir, et permettre à ceux qui n'ont pas encore rencontré sa musique de rentrer dans le club. Et ce pour plusieurs raisons :
Roky est important puisqu'il était schizophrène paranoïaque et qu'il est parvenu à traduire sa folie en musique, dans un premier temps du moins. Il est le Syd Barrett américain, et il partage avec l'ex Pink Floyd ce début de carrière fulgurant et passionnant suivi d'une longue traversée du désert. La fin de Erickson sera un peu plus heureuse puisqu'il finira par remonter sur scène et qu'il continuera malgré tout de produire des albums. On voit souvent la maladie mentale de ces génies comme un phénomène romantique, un reste charmant de la grande époque des drogues psychédéliques, mais il suffit de regarder le documentaire You're Gonna Miss Me pour comprendre que la réalité n'a rien de sexy : on y voit Erickson au milieu d'un bordel sans nom de papiers divers et variés, scotché devant son écran de télévision, au crochet de sa mère qui est contrainte de s'occuper de lui.
Erickson est important parce qu'il représente à lui seul le psychédélisme texan. Alors que l'on associe généralement ce style à San Francisco (et Los Angeles dans un moins mesure), les 13th Floor Elevators avaient un son plus brut, plus chaud, blues et même proche du garage rock que j'ai toujours préféré à l'acidité des Jefferson Airplane et autres Grateful Dead (même si bien sûr ces groupes ont toujours eu des guitaristes passionnants, ne soyons pas bégueules). Erickson a prouvé qu'il n'était pas nécessaire de vivre dans une maison bleue accrochée à la colline pour explorer le cosmos musical, et il a même poussé le vice jusqu'à être encore plus barré que ses collègues de la côte Ouest, notamment avec l'intégration de la cruche électrique, que l'on entend très bien sur l'excellent single "You're Gonna Miss Me".
D'ailleurs, sans les 13th Floor Elevators, il y a fort à parier que la carrière du trio le plus célèbre du Texas, ZZ Top, n'aurait pas eu la même allure : en effet, Billy Gibbons a commencé sa carrière dans les Moving Sidewalks, un groupe psychédélique qui doit énormément à l'influence d'Erickson, comme le montre bien le nom d'un de leur singles, "99th Floor".
Erickson est important parce qu'il est un chanteur hors pair, capable de donner de manière aussi crédible dans la mélancolie bouleversante ("Splash 1" sur le premier album des 13th Floor) que dans l'agressivité hard rock digne d'un Bon Scott ("Two Headed Dog" qui ouvre The Evil One). C'est aussi un très grand compositeur, et c'est d'ailleurs par ce biais que je l'ai découvert, puisque j'ai d'abord entendu parler de lui lorsque le groupe Ghost a sorti son EP de reprises If You Have Ghost en 2013. Le titre qui donne son nom à l'EP est une pure merveille signée Erickson, et la très belle reprise est produite par Dave Grohl. C'est ce même Dave Grohl, avec son documentaire Sonic Highways consacré à Austin, qui a exposé Erickson à un nouveau public, preuve de plus que sa musique est un trésor qui ne demande qu'à être découvert encore et encore. Bonne écoute !
Saturday, June 1, 2019
Wednesday, September 19, 2018
Fantasme 186 - Fender Custom Shop Telecaster 62 Custom Cadillac Green
Non, les fantasmes de Guitare Obsession ne sont pas que des monstres improbables ! Parfois il y a aussi des guitares sobres et simples qui nous titillent le bout des doigts...
D'emblée, cette Telecaster nous rappelle la perfection du design originel de notre saint patron Clarence Leonidas Fender. La forme est impossible à améliorer (et ce n'est pas faute d'avoir essayé) et le palissandre d'un modèle 62 lui va tout aussi bien que l'érable d'une butterscotch de 52. Celle-ci est une Telecaster Custom, c'est-à-dire qu'un joli binding crème l'entoure devant et derrière, pour un effet légèrement plus classe et distingué qui n'en perd pas pour autant le charme rustre de la forme.
Mais cet exemplaire sorti du Custom Shop a un petit quelque chose de spécial : sa couleur. En effet, le Cadillac Green est d'ordinaire une couleur tirée du catalogue Gretsch, mais puisque les deux marques appartiennent au même groupe ils se permettent de temps en temps de télescopages du meilleur goût. Du coup la touche est en ébène pour profiter pleinement de l'effet frappant d'un Cadillac Green souligné par une touche parfaitement noire. Si vous avez déjà une Duo Jet dans cette couleur, l'ajout de cette Tele à votre collection s'impose absolument.
https://www.rainbowguitars.com/guitar/fender/custom-shop-1962-telecaster-custom-nos-cadillac-green/9231008752/fe
D'emblée, cette Telecaster nous rappelle la perfection du design originel de notre saint patron Clarence Leonidas Fender. La forme est impossible à améliorer (et ce n'est pas faute d'avoir essayé) et le palissandre d'un modèle 62 lui va tout aussi bien que l'érable d'une butterscotch de 52. Celle-ci est une Telecaster Custom, c'est-à-dire qu'un joli binding crème l'entoure devant et derrière, pour un effet légèrement plus classe et distingué qui n'en perd pas pour autant le charme rustre de la forme.
Mais cet exemplaire sorti du Custom Shop a un petit quelque chose de spécial : sa couleur. En effet, le Cadillac Green est d'ordinaire une couleur tirée du catalogue Gretsch, mais puisque les deux marques appartiennent au même groupe ils se permettent de temps en temps de télescopages du meilleur goût. Du coup la touche est en ébène pour profiter pleinement de l'effet frappant d'un Cadillac Green souligné par une touche parfaitement noire. Si vous avez déjà une Duo Jet dans cette couleur, l'ajout de cette Tele à votre collection s'impose absolument.
https://www.rainbowguitars.com/guitar/fender/custom-shop-1962-telecaster-custom-nos-cadillac-green/9231008752/fe
Tuesday, August 21, 2018
Fantasme 185 - Schon NS-SC 1986
Schon est la marque montée par Neal Schon, qui n'est autre que le guitariste fondateur de Journey (oui, Don't Stop Believing c'est sa faute), et accessoirement un membre du groupe Santana alors qu'il n'avait que 17 ans. Le mec pue la classe et le talent, et à ses débuts on le voyait surtout sur Les Paul et SG.
Mais les modes ont changé, et il a bien sûr succombé aux charmes des Superstrat dans les années 80. Il a conçu ce modèle comme son outil ultime, parfaitement adapté à tous ses besoins : micros actifs, Floyd, touche ébène 24 cases, manche traversant, forme extrême mais ultra confortable... Et tant qu'à faire, Schon voulant le meilleur pour sa marque, il s'est adressé à l'atelier le plus doué de l'époque, les cadors de la guitare ergonomique toutes options. Comme la police du logo le laisse deviner, les Schon étaient donc fabriquées par Jackson, et les micros étaient d'ailleurs des Jackson avant qu'ils ne soient remplacés par des EMG sur cet exemplaire. Jackson était très sollicité à l'époque et ils n'ont donc pas eu la disponibilité pour fabriquer assez d'instruments. 200 Schon existent donc à ce jour.
Cet instrument est donc à la fois un phénomène précurseur de tous les artistes qui ont monté leur propre marque (EVH, Wylde Audio, Brian May...), mais aussi un modèle extrêmement rare de la plus belle époque de Jackson.
Tout ça pour finir sur une PRS...
https://www.rainbowguitars.com/guitar/jackson/schon-ns-sc-1986/fe60068/us
Mais les modes ont changé, et il a bien sûr succombé aux charmes des Superstrat dans les années 80. Il a conçu ce modèle comme son outil ultime, parfaitement adapté à tous ses besoins : micros actifs, Floyd, touche ébène 24 cases, manche traversant, forme extrême mais ultra confortable... Et tant qu'à faire, Schon voulant le meilleur pour sa marque, il s'est adressé à l'atelier le plus doué de l'époque, les cadors de la guitare ergonomique toutes options. Comme la police du logo le laisse deviner, les Schon étaient donc fabriquées par Jackson, et les micros étaient d'ailleurs des Jackson avant qu'ils ne soient remplacés par des EMG sur cet exemplaire. Jackson était très sollicité à l'époque et ils n'ont donc pas eu la disponibilité pour fabriquer assez d'instruments. 200 Schon existent donc à ce jour.
Cet instrument est donc à la fois un phénomène précurseur de tous les artistes qui ont monté leur propre marque (EVH, Wylde Audio, Brian May...), mais aussi un modèle extrêmement rare de la plus belle époque de Jackson.
Tout ça pour finir sur une PRS...
https://www.rainbowguitars.com/guitar/jackson/schon-ns-sc-1986/fe60068/us
Wednesday, February 21, 2018
Gibson - ou comment gâcher une marque de légende
L'article fait une bonne réserve de clics pour pas mal de sites à l'heure actuelle, avec la même news qui n'en est pas une : Gibson est dans la merde. Ils n'ont plus de sous, et vont peut être mettre la clé sous la porte.
Je suis tout à fait d'accord pour admettre que le Gibson bashing est un sport facile et qu'il revient à hurler avec les loups. Pour autant, je ne peux taire la frustration que provoque en moi l'état actuel de la marque, et il s'agit d'une gestion symptomatique de choix plus généraux dans le music business, un modèle qui a coulé Guitar Center et peut aussi avoir la peau de Fender d'un jour à l'autre. Je pensais donc qu'il était important de revenir sur plusieurs aspects de ce qu'on reproche à Gibson, et afin de prendre le contrepied de ce qui se dit souvent j'aimerais revenir sur des accusations qui tiennent plus des idées reçues que des arguments recevables.
"Le contrôle qualité chez Gibson est devenu n'importe quoi"
Alors oui mais non, le contrôle qualité chez Gibson a TOUJOURS été n'importe quoi, en tout cas au moins depuis le rachat par Norlin en 1965. J'ai vu beaucoup de Gibson considérées comme vintage qui étaient vraiment assemblées avec les pieds, avec des défauts évidents qui n'avaient d'ailleurs pas forcément de rapport avec la qualité sonore de l'engin.
"Gibson envoie les mauvaises guitares en Europe et garde les bonnes pour les États-Unis"
Cette idée reviendrait à considérer que Gibson est mieux organisé qu'ils ne le sont. Il faudrait qu'ils aient un inspecteur en fin de chaîne qui sélectionne les bonnes et les mauvaises pour les envoyer à deux endroits différents. En réalité, on trouve des bonnes et des mauvaises Gibson partout. La différence, c'est que les États-Unis consomment beaucoup plus de Gibson, donc statiquement sur le lot il y en a plus de bonnes. En fait il y en a plus tout court.
"Gibson ne sait plus fabriquer de bons instruments"
Bien sûr que si, mais il faut aller les chercher au Custom Shop et dans les défuntes Made In Memphis et pas dans les séries US Nashville qui sont généralement d'une qualité assez inconstante.
"Gibson sortent des designs à chier parce qu'ils sont à court de bonnes idées"
Vous faîtes sans doute allusion à la Modern Flying V. Certes ce "nouveau" design est complètement pompé sur l'excellente Roswell de Jackson, mais de là à en faire la "guitare la plus moche du monde", il faut une bonne dose de mauvaise foi (et croyez-moi dans ce domaine je m'y connais). Ou bien juste vouloir choper des vues sur youtube avec des vidéos de réaction outrées sans aucun intérêt. Gibson a le même problème que toute marque historique : si ils se contentent de faire des Les Paul burst et des SG Standard, on leur reprochera leur immobilisme. En revanche, s'ils essaient de nouveaux designs, ils se feront allumer sous prétexte que ça n'est pas leur place. Dur.
"Les Gibson Custom sont trop chères"
Pas forcément : fabriquer une Gibson coûte cher, entre la main d’œuvre américaine qui est loin d'être gratuite, les matières premières et la distribution. D'ailleurs, en tenant compte de l'inflation, on trouve des Les Paul bien moins chères à l'heure actuelle qu'en 1959. À l'époque, la Custom coûtait 395 dollars, plus 47 dollars pour l'étui. Total : 442 dollars, soit environ 4000 euros actuels. On trouve donc désormais des Les Paul moins coûteuses. Certes, elles sont forcément moins bonnes, puisque le coût de production a lui aussi augmenté (les salaires sont meilleurs, les matières premières sont plus rares) et que donc il faut bien rogner quelque part si le prix est moins élevé. Mais si l'on compare à une réédition du Custom Shop, finalement on n'est pas si loin pour une qualité équivalente.
Difficile en revanche de dire le contraire pour certains modèles, en particulier des éditions limitées aux tarifs complètement délirants sans aucun rapport avec le coût de fabrication, dans une pure logique spéculative. Certains modèles signature du Custom Shop suivent cette logique (les '58 Slash par exemple, rien ne justifie le prix auquel elles étaient vendues à part leur rareté et l'aura de Slash), mais le plus grand craquage a été atteint avec la Orville Gibson Tribute Les Paul, un hybride douteux d'acoustique et de Les Paul vendu à plus de 100 000 euros (oui vous avez bien lu), et surtout la 20th Century Tribute, une archtop avec des petits dessins dessus annoncée à 1,7 millions. Le problème n'est pas qu'ils ne la vendront pas (il y a forcément un collectionneur qui craquera et ils le savent), mais l'image que ces excès donnent de la marque.
"De toutes façons tu prends une Epiphone et tu changes les micros c'est aussi bien"
Toi par contre ta gueule, on t'a assez entendu.
"Le patron de Gibson est un dingue"
C'est pas faux. Henry Juszkiewicz a racheté l'entreprise en 1986 et l'a sortie de la mouise. On lui doit le troisième âge d'or de la marque dans les années 90 avec le lancement des Custom Shop par Tom Murphy, mais très vite, dans la grande tradition de la tragédie Shakespearienne, il est devenu accro au pouvoir et s'est mis à régner de façon dictatoriale sur l'entreprise. Aucune décision ne se fait sans son aval, et ses employés vivent dans la terreur à l'idée de dire ou faire quelque chose qui ne lui plaira pas. Le problème, c'est que sans contradicteur, Juszkiewicz prend des décisions aberrantes (l'idée d'avoir imposé les mécaniques automatiques sur tous les modèles en 2015 a coûté très cher à l'image de la marque) et en fait une affaire de fierté. On est avec lui ou contre lui, pas entre les deux.
"Gibson ne sont pas venus au NAMM parce qu'ils sont dans la merde"
Pas forcément. Déjà, Gibson n'a jamais eu une présence énorme au NAMM. Il y a deux ans, ils avaient une petite salle cachée à l'étage au-dessus du salon principal, un espace très réduit occupé cette année par Guild. L'année dernière, la pièce était plus grande mais montrait autant de produits son grand public (enceintes notamment) que de guitares. Gibson a donc surtout choisi de concentrer sa présence au salon CES de Las Vegas quelques jours plus tôt, un salon qui intéresse beaucoup plus de monde et ne s'adresse pas qu'aux musiciens.
"Gibson force ses revendeurs à prendre telle ou telle guitare en stock"
Là j'en sais quelque chose, c'est malheureusement vrai. Ils sont loin d'être seuls : beaucoup de grandes marques limitent le nombre de points de vente dans l'objectif de garder une image luxe et exclusive, et la sélection à l'entrée se fait souvent avec une contrainte de stock de départ et de stock minimum à garder au magasin en permanence. Gibson a poussé le vice encore plus loin en établissant une programmation sur l'année qui contraint à choisir son stock un an à l'avance, ce qui leur permet de faire valoir des guitares pré-vendues pour justifier d'emprunter de l'argent aux banques. Les éditions limitées ne sont pas comptées dans cette programmation puisqu'elles ne sont pas annoncées un an à l'avance, et se présentent alors sur le principe du "first come, first served", le premier qui dégaine avec du cash tout frais repart avec la gratte. Les contraintes de programmation sont telles qu'elles obligent de fait à faire une très grande partie de son chiffre d'affaire avec Gibson, transformant le magasin en showroom de la marque puisque le stock imposé est tel qu'il empêche de se lancer en profondeur dans d'autres marques. Et je ne vous parle pas des conditions pour aller choisir ses guitares dans les stocks hollandais, là on a un minimum de commande en plus de la programmation pour justifier du dérangement, sachant qu'ils ne paient même pas l'hôtel ! De mémoire la commande exigée était de 40 000 euros.
C'est bien beau tout ça, mais quel avenir pour la marque ? Il est très peu probable que Gibson disparaisse. La marque a un tel poids historique et une telle aura qu'il y aura forcément quelqu'un pour la racheter et la relancer. Ce qui est sûr, c'est que l'ambiance actuelle ressemble à la fin de l'ère Juszkiewicz, ce qui est loin d'être une mauvaise chose. Deux possibilités : soit la marque est rachetée par un groupe énorme qui garde cette logique et monte un coup marketing sans âme qui ne durera pas, soit Gibson est reprise par une boîte à la gestion plus saine et à la logique à long terme, cette boîte place les bonnes personnes au contrôle qualité et on assiste à un nouvel âge d'or de la marque. On peut rêver non ?
Je suis tout à fait d'accord pour admettre que le Gibson bashing est un sport facile et qu'il revient à hurler avec les loups. Pour autant, je ne peux taire la frustration que provoque en moi l'état actuel de la marque, et il s'agit d'une gestion symptomatique de choix plus généraux dans le music business, un modèle qui a coulé Guitar Center et peut aussi avoir la peau de Fender d'un jour à l'autre. Je pensais donc qu'il était important de revenir sur plusieurs aspects de ce qu'on reproche à Gibson, et afin de prendre le contrepied de ce qui se dit souvent j'aimerais revenir sur des accusations qui tiennent plus des idées reçues que des arguments recevables.
"Le contrôle qualité chez Gibson est devenu n'importe quoi"
Alors oui mais non, le contrôle qualité chez Gibson a TOUJOURS été n'importe quoi, en tout cas au moins depuis le rachat par Norlin en 1965. J'ai vu beaucoup de Gibson considérées comme vintage qui étaient vraiment assemblées avec les pieds, avec des défauts évidents qui n'avaient d'ailleurs pas forcément de rapport avec la qualité sonore de l'engin.
"Gibson envoie les mauvaises guitares en Europe et garde les bonnes pour les États-Unis"
Cette idée reviendrait à considérer que Gibson est mieux organisé qu'ils ne le sont. Il faudrait qu'ils aient un inspecteur en fin de chaîne qui sélectionne les bonnes et les mauvaises pour les envoyer à deux endroits différents. En réalité, on trouve des bonnes et des mauvaises Gibson partout. La différence, c'est que les États-Unis consomment beaucoup plus de Gibson, donc statiquement sur le lot il y en a plus de bonnes. En fait il y en a plus tout court.
"Gibson ne sait plus fabriquer de bons instruments"
Bien sûr que si, mais il faut aller les chercher au Custom Shop et dans les défuntes Made In Memphis et pas dans les séries US Nashville qui sont généralement d'une qualité assez inconstante.
"Gibson sortent des designs à chier parce qu'ils sont à court de bonnes idées"
Vous faîtes sans doute allusion à la Modern Flying V. Certes ce "nouveau" design est complètement pompé sur l'excellente Roswell de Jackson, mais de là à en faire la "guitare la plus moche du monde", il faut une bonne dose de mauvaise foi (et croyez-moi dans ce domaine je m'y connais). Ou bien juste vouloir choper des vues sur youtube avec des vidéos de réaction outrées sans aucun intérêt. Gibson a le même problème que toute marque historique : si ils se contentent de faire des Les Paul burst et des SG Standard, on leur reprochera leur immobilisme. En revanche, s'ils essaient de nouveaux designs, ils se feront allumer sous prétexte que ça n'est pas leur place. Dur.
"Les Gibson Custom sont trop chères"
Pas forcément : fabriquer une Gibson coûte cher, entre la main d’œuvre américaine qui est loin d'être gratuite, les matières premières et la distribution. D'ailleurs, en tenant compte de l'inflation, on trouve des Les Paul bien moins chères à l'heure actuelle qu'en 1959. À l'époque, la Custom coûtait 395 dollars, plus 47 dollars pour l'étui. Total : 442 dollars, soit environ 4000 euros actuels. On trouve donc désormais des Les Paul moins coûteuses. Certes, elles sont forcément moins bonnes, puisque le coût de production a lui aussi augmenté (les salaires sont meilleurs, les matières premières sont plus rares) et que donc il faut bien rogner quelque part si le prix est moins élevé. Mais si l'on compare à une réédition du Custom Shop, finalement on n'est pas si loin pour une qualité équivalente.
Difficile en revanche de dire le contraire pour certains modèles, en particulier des éditions limitées aux tarifs complètement délirants sans aucun rapport avec le coût de fabrication, dans une pure logique spéculative. Certains modèles signature du Custom Shop suivent cette logique (les '58 Slash par exemple, rien ne justifie le prix auquel elles étaient vendues à part leur rareté et l'aura de Slash), mais le plus grand craquage a été atteint avec la Orville Gibson Tribute Les Paul, un hybride douteux d'acoustique et de Les Paul vendu à plus de 100 000 euros (oui vous avez bien lu), et surtout la 20th Century Tribute, une archtop avec des petits dessins dessus annoncée à 1,7 millions. Le problème n'est pas qu'ils ne la vendront pas (il y a forcément un collectionneur qui craquera et ils le savent), mais l'image que ces excès donnent de la marque.
"De toutes façons tu prends une Epiphone et tu changes les micros c'est aussi bien"
Toi par contre ta gueule, on t'a assez entendu.
"Le patron de Gibson est un dingue"
C'est pas faux. Henry Juszkiewicz a racheté l'entreprise en 1986 et l'a sortie de la mouise. On lui doit le troisième âge d'or de la marque dans les années 90 avec le lancement des Custom Shop par Tom Murphy, mais très vite, dans la grande tradition de la tragédie Shakespearienne, il est devenu accro au pouvoir et s'est mis à régner de façon dictatoriale sur l'entreprise. Aucune décision ne se fait sans son aval, et ses employés vivent dans la terreur à l'idée de dire ou faire quelque chose qui ne lui plaira pas. Le problème, c'est que sans contradicteur, Juszkiewicz prend des décisions aberrantes (l'idée d'avoir imposé les mécaniques automatiques sur tous les modèles en 2015 a coûté très cher à l'image de la marque) et en fait une affaire de fierté. On est avec lui ou contre lui, pas entre les deux.
"Gibson ne sont pas venus au NAMM parce qu'ils sont dans la merde"
Pas forcément. Déjà, Gibson n'a jamais eu une présence énorme au NAMM. Il y a deux ans, ils avaient une petite salle cachée à l'étage au-dessus du salon principal, un espace très réduit occupé cette année par Guild. L'année dernière, la pièce était plus grande mais montrait autant de produits son grand public (enceintes notamment) que de guitares. Gibson a donc surtout choisi de concentrer sa présence au salon CES de Las Vegas quelques jours plus tôt, un salon qui intéresse beaucoup plus de monde et ne s'adresse pas qu'aux musiciens.
"Gibson force ses revendeurs à prendre telle ou telle guitare en stock"
Là j'en sais quelque chose, c'est malheureusement vrai. Ils sont loin d'être seuls : beaucoup de grandes marques limitent le nombre de points de vente dans l'objectif de garder une image luxe et exclusive, et la sélection à l'entrée se fait souvent avec une contrainte de stock de départ et de stock minimum à garder au magasin en permanence. Gibson a poussé le vice encore plus loin en établissant une programmation sur l'année qui contraint à choisir son stock un an à l'avance, ce qui leur permet de faire valoir des guitares pré-vendues pour justifier d'emprunter de l'argent aux banques. Les éditions limitées ne sont pas comptées dans cette programmation puisqu'elles ne sont pas annoncées un an à l'avance, et se présentent alors sur le principe du "first come, first served", le premier qui dégaine avec du cash tout frais repart avec la gratte. Les contraintes de programmation sont telles qu'elles obligent de fait à faire une très grande partie de son chiffre d'affaire avec Gibson, transformant le magasin en showroom de la marque puisque le stock imposé est tel qu'il empêche de se lancer en profondeur dans d'autres marques. Et je ne vous parle pas des conditions pour aller choisir ses guitares dans les stocks hollandais, là on a un minimum de commande en plus de la programmation pour justifier du dérangement, sachant qu'ils ne paient même pas l'hôtel ! De mémoire la commande exigée était de 40 000 euros.
C'est bien beau tout ça, mais quel avenir pour la marque ? Il est très peu probable que Gibson disparaisse. La marque a un tel poids historique et une telle aura qu'il y aura forcément quelqu'un pour la racheter et la relancer. Ce qui est sûr, c'est que l'ambiance actuelle ressemble à la fin de l'ère Juszkiewicz, ce qui est loin d'être une mauvaise chose. Deux possibilités : soit la marque est rachetée par un groupe énorme qui garde cette logique et monte un coup marketing sans âme qui ne durera pas, soit Gibson est reprise par une boîte à la gestion plus saine et à la logique à long terme, cette boîte place les bonnes personnes au contrôle qualité et on assiste à un nouvel âge d'or de la marque. On peut rêver non ?
Monday, November 20, 2017
Hommage à Malcolm Young
(photos empruntées à l'excellent Olivier Ducruix)
Ceux d'entre vous qui me connaissent un peu savent qu'AC/DC est MON groupe, celui par lequel tout est arrivé. J'avais 10 ans, et un ami m'a fait découvrir Highway To Hell. Quelques jours plus tard, j'achetais l'album en K7 avec mon argent de poche à la FNAC de Nîmes. Quelques mois plus tard, c'était mon anniversaire et j'ai reçu une copie de Strato avec le songbook de AC/DC Live (le Live de 92, du coup le songbook était une sorte de best of), et j'ai appris à jouer Thunderstruck avant de savoir former un barré. Angus est bien sûr celui par lequel tout est arrivé, tant dans son attitude scénique qui a fait exploser mon cerveau de pré-adolescent que dans ses notes, brillantes, légères et électriques.
Mais plus j'avançais dans ma compréhension du groupe de la guitare et de la musique en général, plus Malcolm est devenu mon vrai héros. J'ai vite réalisé, notamment grâce aux articles de Phil Lageat dans Hard Rock Magazine, à quel point l'homme à la Gretsch était le véritable architecte du son AC/DC, un pilier rythmique indéboulonnable autour duquel son frère pouvait virevolter en toute liberté, et un compositeur de riffs avec qui seuls Keith et Hetfield pouvaient rivaliser.
Dur comme un roc
Plus j'ai progressé à la guitare, plus j'ai avancé en tant qu'artiste, que compositeur et que théoricien du rock, plus les exploits de Malcolm m'ont paru gigantesques. Beaucoup de guitaristes parviennent à singer les Richards et James cités plus haut, mais personne n'approche de Malcolm de façon convaincante. Lorsqu'un groupe reprend du AC/DC, c'est généralement une catastrophe. Tout le monde s'accorde avec une condescendance entendue sur l'idée que ces morceaux sont "faciles", jusqu'à ce qu'ils se cassent le nez sur l'accompagnement de Thunderstruck, un seul power chord de Si martelé avec un groove inimitable.
Le jeu de Mal
Le jeu de Malcolm est unique à plusieurs titres. Tout commence dans sa main droite, la plus belle du genre, qui attaque avec beaucoup plus de finesse qu'on ne l'imagine. Bien sûr, la patte de l'ours sort quand il le faut, mais il est aussi capable de gratter plus légèrement. Aucun aller n'est un aller par hasard, aucun retour n'est un retour par hasard. La durée de chaque note est savamment étudiée (écoutez à ce titre Girls Got Rhythm et la façon dont la durée des deux premiers accords change selon que le riff sert d'intro, de refrain ou de couplet). Les voicings d'accords sont eux aussi savamment choisis, toujours complémentaires de ceux d'Angus, avec un son bien particulier et très loin des automatismes du genre (pas toujours évidents à jouer d'ailleurs, pas toujours logiques dans leur enchaînement).
Le matos de Mal
Il y avait le matos bien sûr, cette indétrônable Gretsch Jet Firebird Red réduite à sa plus simple expression (bois poncé, trou dans la table où se trouvaient les micros manche et milieu) avec un jeu de corde costaud (12-56) qui n'était pas là que pour la frime, bien au contraire : sans la contrainte du jeu lead et de ses bends, ce tirant correspond bien mieux à une exigence de justesse et de robustesse sonore qui semblait importante à ses oreilles. Jamais de pédales ou de gadget, un simple Plexi poussé mais pas trop. Le son de Malcolm est très proche d'un son clair, et le tout petit niveau de sortie du humbucker Gretsch est pour beaucoup dans cette clarté. Le crunch vient uniquement de la puissance de l'attaque, et il se mérite.
La leçon
Mais la plus grande leçon que l'on puisse retenir du jeu de Malcolm, et celle dont on peut le plus facilement s'inspirer nous pauvres mortels qui n'auront jamais son groove dans notre coup de plectre, est sa classe absolue. Malcolm était un homme discret, effacé, et ne faisait du bruit que quand il le fallait. Au sein du groupe, il était capable de passer les trois quarts d'une chanson à attendre que sa contribution soit nécessaire : je parle bien sûr de Highway To Hell, sur lequel il ne joue que pendant le refrain et le solo, en soutien, sans égo. Desproges citait un dicton écossais disant "un gentleman est quelqu'un qui sait jouer de la cornemuse et qui n'en joue pas". De l'aveu de son frère Angus, Malcolm était un excellent guitariste lead, mais il ne nous a jamais donné l'occasion de le constater, puisque le groupe n'en avait pas besoin.
Le pont
Malcolm, qui ne jouait déjà plus dans le groupe depuis 2014, est mort le 18 novembre 2017. Je me suis surpris à être beaucoup plus affecté que je n'aurais pu m'y attendre. J'ai eu l'impression de perdre une partie de ce qui m'a construit. C'est bête, je ne l'avais jamais rencontré, tout au plus croisé, et nous n'aurions probablement pas eu grand chose à nous dire.
En lisant les différents hommages rendus par la communauté musicienne, je crois que j'ai compris : Malcolm était le pont, le plus petit dénominateur commun, le point de rencontre entre toutes les musiques qui me touchent. Tom Petty était fan d'AC/DC, Dave Mustaine est fan d'AC/DC, Frank Zappa était fan d'AC/DC. Malgré leur diversité apparente, tous ces génies ont vu en AC/DC l'essence même du rock, l'expression la plus évidente de ce qui nous excite dans cette musique. Et tout ça a été construit grâce à Malcolm. Merci.
Ceux d'entre vous qui me connaissent un peu savent qu'AC/DC est MON groupe, celui par lequel tout est arrivé. J'avais 10 ans, et un ami m'a fait découvrir Highway To Hell. Quelques jours plus tard, j'achetais l'album en K7 avec mon argent de poche à la FNAC de Nîmes. Quelques mois plus tard, c'était mon anniversaire et j'ai reçu une copie de Strato avec le songbook de AC/DC Live (le Live de 92, du coup le songbook était une sorte de best of), et j'ai appris à jouer Thunderstruck avant de savoir former un barré. Angus est bien sûr celui par lequel tout est arrivé, tant dans son attitude scénique qui a fait exploser mon cerveau de pré-adolescent que dans ses notes, brillantes, légères et électriques.
Mais plus j'avançais dans ma compréhension du groupe de la guitare et de la musique en général, plus Malcolm est devenu mon vrai héros. J'ai vite réalisé, notamment grâce aux articles de Phil Lageat dans Hard Rock Magazine, à quel point l'homme à la Gretsch était le véritable architecte du son AC/DC, un pilier rythmique indéboulonnable autour duquel son frère pouvait virevolter en toute liberté, et un compositeur de riffs avec qui seuls Keith et Hetfield pouvaient rivaliser.
Dur comme un roc
Plus j'ai progressé à la guitare, plus j'ai avancé en tant qu'artiste, que compositeur et que théoricien du rock, plus les exploits de Malcolm m'ont paru gigantesques. Beaucoup de guitaristes parviennent à singer les Richards et James cités plus haut, mais personne n'approche de Malcolm de façon convaincante. Lorsqu'un groupe reprend du AC/DC, c'est généralement une catastrophe. Tout le monde s'accorde avec une condescendance entendue sur l'idée que ces morceaux sont "faciles", jusqu'à ce qu'ils se cassent le nez sur l'accompagnement de Thunderstruck, un seul power chord de Si martelé avec un groove inimitable.
Le jeu de Mal
Le jeu de Malcolm est unique à plusieurs titres. Tout commence dans sa main droite, la plus belle du genre, qui attaque avec beaucoup plus de finesse qu'on ne l'imagine. Bien sûr, la patte de l'ours sort quand il le faut, mais il est aussi capable de gratter plus légèrement. Aucun aller n'est un aller par hasard, aucun retour n'est un retour par hasard. La durée de chaque note est savamment étudiée (écoutez à ce titre Girls Got Rhythm et la façon dont la durée des deux premiers accords change selon que le riff sert d'intro, de refrain ou de couplet). Les voicings d'accords sont eux aussi savamment choisis, toujours complémentaires de ceux d'Angus, avec un son bien particulier et très loin des automatismes du genre (pas toujours évidents à jouer d'ailleurs, pas toujours logiques dans leur enchaînement).
Le matos de Mal
Il y avait le matos bien sûr, cette indétrônable Gretsch Jet Firebird Red réduite à sa plus simple expression (bois poncé, trou dans la table où se trouvaient les micros manche et milieu) avec un jeu de corde costaud (12-56) qui n'était pas là que pour la frime, bien au contraire : sans la contrainte du jeu lead et de ses bends, ce tirant correspond bien mieux à une exigence de justesse et de robustesse sonore qui semblait importante à ses oreilles. Jamais de pédales ou de gadget, un simple Plexi poussé mais pas trop. Le son de Malcolm est très proche d'un son clair, et le tout petit niveau de sortie du humbucker Gretsch est pour beaucoup dans cette clarté. Le crunch vient uniquement de la puissance de l'attaque, et il se mérite.
La leçon
Mais la plus grande leçon que l'on puisse retenir du jeu de Malcolm, et celle dont on peut le plus facilement s'inspirer nous pauvres mortels qui n'auront jamais son groove dans notre coup de plectre, est sa classe absolue. Malcolm était un homme discret, effacé, et ne faisait du bruit que quand il le fallait. Au sein du groupe, il était capable de passer les trois quarts d'une chanson à attendre que sa contribution soit nécessaire : je parle bien sûr de Highway To Hell, sur lequel il ne joue que pendant le refrain et le solo, en soutien, sans égo. Desproges citait un dicton écossais disant "un gentleman est quelqu'un qui sait jouer de la cornemuse et qui n'en joue pas". De l'aveu de son frère Angus, Malcolm était un excellent guitariste lead, mais il ne nous a jamais donné l'occasion de le constater, puisque le groupe n'en avait pas besoin.
Le pont
Malcolm, qui ne jouait déjà plus dans le groupe depuis 2014, est mort le 18 novembre 2017. Je me suis surpris à être beaucoup plus affecté que je n'aurais pu m'y attendre. J'ai eu l'impression de perdre une partie de ce qui m'a construit. C'est bête, je ne l'avais jamais rencontré, tout au plus croisé, et nous n'aurions probablement pas eu grand chose à nous dire.
En lisant les différents hommages rendus par la communauté musicienne, je crois que j'ai compris : Malcolm était le pont, le plus petit dénominateur commun, le point de rencontre entre toutes les musiques qui me touchent. Tom Petty était fan d'AC/DC, Dave Mustaine est fan d'AC/DC, Frank Zappa était fan d'AC/DC. Malgré leur diversité apparente, tous ces génies ont vu en AC/DC l'essence même du rock, l'expression la plus évidente de ce qui nous excite dans cette musique. Et tout ça a été construit grâce à Malcolm. Merci.
Thursday, October 19, 2017
Fantasme 184 - Gretsch Custom Shop '59 Falcon
Il me semble avoir déjà évoqué ma passion dévorante pour les jolies créations de Stephen Stern au sein du Custom Shop Gretsch, mais là il dépasse carrément toutes les bornes ! L'idée d'une Falcon sans pan coupé avec un unique micro manche est brillante, surtout dans ce sublime Lake Placid Blue, une de mes custom colors Fender préférées. J'avoue que le petit morceau de peinture en moins en dessous du coup n'est pas forcément à mon goût, je trouve que le reste du relicage est tellement classe et réussi que cette déchirure n'est pas forcément la plus pertinente.
Mais il en faudrait bien plus pour me gâcher cette sublime création. Maintenant je me demande : la même avec un micro chevalet uniquement, ça aurait de la gueule aussi non ?
https://www.themusiczoo.com/collections/new-arrivals/products/gretsch-custom-shop-masterbuilt-stephen-stern-59-falcon-relic-electric-guitar-lake-placid-blue
Mais il en faudrait bien plus pour me gâcher cette sublime création. Maintenant je me demande : la même avec un micro chevalet uniquement, ça aurait de la gueule aussi non ?
https://www.themusiczoo.com/collections/new-arrivals/products/gretsch-custom-shop-masterbuilt-stephen-stern-59-falcon-relic-electric-guitar-lake-placid-blue
Saturday, October 14, 2017
Bouquin - The Invisible Line et les incrustations
Ce très beau bouquin vient de sortir chez Hal Leonard, et se concentre sur l'art de l'incrustation appliqué à notre instrument de prédilection.
Larry Robinson s'est chargé de compiler l'ouvrage, et peu d'artisans sont aussi légitimes que lui pour parler de ce sujet. L'homme est devenu maître dans l'art (car oui c'est un art) d'assembler des morceaux de coquillage ou des pierres minuscules pour créer petit à petit des dessins plus ou moins grands sur un support aussi ingrat que l'épicéa d'une table ou l'ébène d'une touche. On lui doit notamment la millionième Martin, une superbe création sortie en 2003, la dreadnought qui porte le numéro de série 1.000.000 (puisque Martin numérote ses guitares de façon consécutive, donc c'est facile à suivre).
Robinson a regroupé un groupe de sept artisans qu'il considère comme la crème de la crème, parmi lesquels il se compte forcément, et on retrouve aussi David Giulietti, le seul artisan qu'il a autorisé à travailler avec lui pendant les deux années passées sur la Martin, et Bob Hergert, qui s'est quant à lui chargé de la Martin 1.500.000. Décidément c'est une affaire de famille... On ne peut s'empêcher de regretter l'absence de William Laskin, un autre grand maitre du domaine qui aurait parfaitement eu sa place ici.
Chaque artisan reçoit un chapitre d'une bonne vingtaine de pages qui lui est consacré, mélange de texte précis qui fera école et de photos absolument superbes. On sent la passion à chaque page, même si toutes les créations ne seront pas forcément à votre goût. Personnellement, j'ai tendance à aller dans la direction opposée d'une sobriété forcenée, mais ça ne m'empêche pas d'apprécier le travail qui va avec et l'attachement symbolique encore plus fort que peut amener une incrustation évoquant un évènement ou une personne marquantes. Certaines créations flirtent allègrement avec un mauvais goût typiquement américain, cette manie de mettre des jolis dessins pour montrer qu'on peut le faire, à la manière des fameuses PRS Dragon par exemple. À l'inverse, d'autres guitares sont à la fois originales et inventives, et je dois avouer que j'ai un faible tout particulier pour la guitare de Larry Robinson baptisée "Meet The Beetles". Le nom est évidemment un jeu de mot sur le titre du deuxième album des Beatles, Meet The Beatles, mais avec l'orthographe d'origine du mot qui veut tout simplement dire "scarabée". Cette guitare est donc une Telecaster en plexiglas à l'intérieur de laquelle ont été placés toutes sortes de petites bêbêtes. Le résultat est horrifiant ou génial selon votre point de vue, mais ne peut en aucun cas laisser indifférent.
https://www.amazon.fr/Invisible-Line-When-Craft-Becomes/dp/1617136530
Larry Robinson s'est chargé de compiler l'ouvrage, et peu d'artisans sont aussi légitimes que lui pour parler de ce sujet. L'homme est devenu maître dans l'art (car oui c'est un art) d'assembler des morceaux de coquillage ou des pierres minuscules pour créer petit à petit des dessins plus ou moins grands sur un support aussi ingrat que l'épicéa d'une table ou l'ébène d'une touche. On lui doit notamment la millionième Martin, une superbe création sortie en 2003, la dreadnought qui porte le numéro de série 1.000.000 (puisque Martin numérote ses guitares de façon consécutive, donc c'est facile à suivre).
Robinson a regroupé un groupe de sept artisans qu'il considère comme la crème de la crème, parmi lesquels il se compte forcément, et on retrouve aussi David Giulietti, le seul artisan qu'il a autorisé à travailler avec lui pendant les deux années passées sur la Martin, et Bob Hergert, qui s'est quant à lui chargé de la Martin 1.500.000. Décidément c'est une affaire de famille... On ne peut s'empêcher de regretter l'absence de William Laskin, un autre grand maitre du domaine qui aurait parfaitement eu sa place ici.
Chaque artisan reçoit un chapitre d'une bonne vingtaine de pages qui lui est consacré, mélange de texte précis qui fera école et de photos absolument superbes. On sent la passion à chaque page, même si toutes les créations ne seront pas forcément à votre goût. Personnellement, j'ai tendance à aller dans la direction opposée d'une sobriété forcenée, mais ça ne m'empêche pas d'apprécier le travail qui va avec et l'attachement symbolique encore plus fort que peut amener une incrustation évoquant un évènement ou une personne marquantes. Certaines créations flirtent allègrement avec un mauvais goût typiquement américain, cette manie de mettre des jolis dessins pour montrer qu'on peut le faire, à la manière des fameuses PRS Dragon par exemple. À l'inverse, d'autres guitares sont à la fois originales et inventives, et je dois avouer que j'ai un faible tout particulier pour la guitare de Larry Robinson baptisée "Meet The Beetles". Le nom est évidemment un jeu de mot sur le titre du deuxième album des Beatles, Meet The Beatles, mais avec l'orthographe d'origine du mot qui veut tout simplement dire "scarabée". Cette guitare est donc une Telecaster en plexiglas à l'intérieur de laquelle ont été placés toutes sortes de petites bêbêtes. Le résultat est horrifiant ou génial selon votre point de vue, mais ne peut en aucun cas laisser indifférent.
https://www.amazon.fr/Invisible-Line-When-Craft-Becomes/dp/1617136530
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