Sunday, May 20, 2012

Randy Parsons, luthier - 1

Grâce à un commentaire anonyme sur mon article concernant les guitares de Jack White, j'ai fait la connaissance d'un réalisateur de films qui s'est passionné pour le travail de l'incroyable luthier Randy Parsons. David Aldrich a déjà présenté le court métrage Randy Parsons : American Luthier à de nombreux festivals et passe à Cannes dans trois jours, mais entre temps il a bien voulu nous expliquer ce qui l'a poussé à s'intéresser au travail de Parsons.

Déjà pour vous faire une idée la bande annonce est ici, en une minute on s'en prend plein les mirettes !
http://vimeo.com/22345673

Comment t'es venue l'idée d'un documentaire sur Randy ?
Entre 2007 et 2010, j'ai produit une série web de documentaires autour de la moto. Au départ, je n'y connaissais rien et petit à petit nous sommes devenus meilleurs. A la fin de la série, nos travaux avaient un aspect très cinématique. Je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire ensuite, mais je savais que je ne voulais pas aller courir après des motos dans des conditions extrêmes. J'ai loué quelques DVDs en espérant trouver l'inspiration. J'ai regardé le documentaire "It Might Get Loud" de Davis Guggenheim et j'ai trouvé le sujet de mon film. Jack White y mentionne son luthier de Seattle à plusieurs reprises. Je vis à Seattle et ça a donc titillé ma curiosité. Puis le film a montré un plan d'environ 8 secondes montrant Randy Parsons en plein travail sur le manche d'une guitare. Parsons reglait mes guitares depuis des années mais j'ignorais complètement qu'il faisait des instruments pour Jack White. J'ai donc pris ma Telecaster qui avait besoin d'un refrettage et je l'ai utilisée comme pretexte pour passer à son atelier. Je lui ai ensuite dit que je voulais faire un court-métrage sur son travail. Coup de chance, il était d'accord !

Pourquoi avoir choisi la forme documentaire ?
Je crois qu'un film de non-fiction basé sur un personnage peut être aussi dramatique et beau qu'un film narratif. Parsons est quelqu'un qui a abandonné sa passion du jeu de guitare après avoir réalisé à l'école de musique qu'il était entouré de gens plus talentueux que lui. C'est une histoire famillière pour beaucoup d'entre nous, mais elle ne s'arrête pas là. Parsons a ensuite découvert sa passion pour la fabrication de guitares, et a donc trouvé un autre moyen de devenir une rock star. C'est une excellente histoire, avec tous les éléments pour un bon documentaire sur un personnage.


Quels sont les aspect de Parsons qui t'ont fasciné ?
Il y en a beaucoup ! J'ai complètement halluciné de voir ce qu'il pouvait faire avec des outils très simples, alors que j'ai moi-même suivi une formation de travail du bois. J'aime les outils haut de gamme allemands très précis et très tranchants. Parsons utilise plein d'outils usés qui paraissent avoir été achetés sur un vide-grenier. Il a une maxime qu'il répète comme un mantra - quelque chose qu'il a appris du luthier bohémien Boaz - "Apprends à fabriquer une guitare avec un couteau, et tu pourras faire tout ce que tu veux". Et il ne plaisante pas.
Une autre chose qui m'a fascinée est le processus de fabrication, vu que ses instruments sont faits à la main. Avec mes connaissances en menuiserie, j'imaginais qu'il utilisait beaucoup de machines et d'outils spéciaux, mais ça n'était pas du tout le cas. C'était très primitif. Par exemple, le manche d'une acoustique qu'il fabriquait vient directement d'un gros morceau de bois, pour être ensuite raffiné et devenir la forme élégante que nous connaissons. Ces matériaux brutes se métamorphosent en objets de beauté qui doivent aussi être de bons instruments. Cette photo de la White Mare illustre bien mon propos :

Tout ce travail prend des mois. Cela demande de la patience, et dieu sait si Parson en a. Il faut aussi beaucoup de passion, puisque quand on prend le coût des matériaux et le temps qu'il faut pour finir une guitare, la marge de profit n'est pas énorme. C'est peut-être la chose la plus importante que j'ai appris en faisant ce film : il peut être très difficile de gagner sa vie en étant luthier à moins de persister suffisamment longtemps pour attirer des clients célèbres, ou de tenir un atelier de réparation en parrallèle, ou bien les deux ! Parsons dit qu'il lui a fallu 15 ans avant le coup de fil qui a tout changé.

Il a une deuxième partie d'interview tout aussi passionnante, la suite au prochain épisode donc !

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