Comme
tout obsédé de la guitare qui se respecte, j'avais suivi avec attention
l'annonce de la sortie de la série "Telebration" de Fender. Au début,
je pensais que Fender allait encore nous jouer le coup de l'anniversaire
avec une pauvre plaque de manche spécifique et une petite série limitée
et finalement, la surprise fut plutôt bonne avec quelques modèles
sympas comme notamment ceux provenant de sources de bois inhabituelles
(bambou laminé, pin d'une grange vieux de 100 ans ou autre séquoia en
provenance d'un pont de chemin de fer du XIXème siècle).
Ma
collection personnelle étant en déficit de telecaster, je me suis mis à
rêver à de tels instruments... Restait à choisir un modèle en
particulier et à convaincre Madame que c'était vraiment une bonne
occasion pour acquérir une Telecaster. Elle qui jusque-là ne
s'intéressait pas trop à mes guitares avait cependant mis le holà: "Ah
non, pas d'achat de guitare!"
C'est
vrai qu'elles n'étaient pas données ces Telebration et plutôt
difficiles à trouver en magasin. En plus, dans le cas des guitares en
pin et sequoia (red wood), Fender vantait dans les descriptions les
authentiques traces de clous et nœuds de bois, caractéristiques typiques
des bois de récupération... ça risquait de ne pas jouer en faveur de la
note.
Bref,
ça m'a soudain rappelé un bastaing qui trainait au fond du jardin.
Techniquement, c'était du "old wood" de récupération, il devait sécher à
l'air libre depuis une vingtaine d'années, et à en juger par les veines
serrées du bois, c'était un genre de pin qui avait pris le temps de
pousser comparé à ce qu'on trouve aujourd’hui dans les magasins de
bricolage. Plus important, si je construisais une Telecaster, Madame ne
pourrait pas venir se plaindre comme quoi j'avais acheté un énième
guitare.
Ni
une, ni deux, j'ai entamé le rabotage du morceau de façon à lui donner
la bonne épaisseur. Ma Telecaster serait donc construite avec un corps
en deux parties de ce vieux bout de pin.
Pour
les dimensions du corps, je me suis basé sur ma Telecaster Pink Paisley
Japonaise et de la documentation glanée sur Internet. J'avais déjà
quelques pièces pour l'électronique et j'ai acheté ce qui me manquait
(manche, matériau pour le pickguard, mécaniques et chevalet) sur un
fameux site d'enchères. Pour la peinture nitro cellulosique, je me suis
fourni dans une grande surface spécialisée en automobile.
Je
ne cacherai pas que la réalisation des défonces (notamment le neck
pocket) a demandé pas mal de boulot car il m'a fallu faire des gabarits.
Tout n'est pas nickel (n'ayant pas de perceuse à colonne, les trous des
férules ne sont pas bien alignés au dos de la guitare et sans ponceuse
stationnaire, il est difficile d'avoir un fini parfait des tranches du
corps) mais globalement je suis assez content du résultat. La guitare
est juste, sonne plutôt bien et garde l'accord. Bref elle fait ce qu’on
attend d’une guitare et en plus y’a mon logo dessus, que demander de
plus ?
Au niveau câblage, j'ai opté pour un modèle simple, j'ai donc routé un seul micro et câblé avec un 3 positions comme suit:
1) Bypass du potard de tonalité, seul le volume est actif
2) Tonalité et volume actifs
3)
Bypass du potard de tonalité et câblage direct avec une capacité pour
un son de pédale wha wha à mi-course ("cocked wha" comme disent nos
amis Anglosaxons), le potard de volume restant bien évidemment actif. Ce
3ème son est surtout utile en disto: c'est LE son de Knopfler sur Money
for Nothing.
Depuis
la construction de cette guitare, j'ai remplacé mes escaliers en
acajou... C'est pas impossible donc que je me lance dans une autre
guitare voire une pedalsteel (plus rapide à construire). Faudra juste
que j'évite une couleur flashy pour éviter de fâcher Madame qui n'a pas
manqué de se plaindre pendant des semaines de la poussière verte qui
tapissait le sol du garage ;o)
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