Wednesday, August 5, 2015
Chronique d'album - Dengue Fever
Je crois que c'est un des moments de ma vie où je me suis le plus senti comme un guitar nerd absolu : je me baladais au rayon World Music de chez Gibert à la recherche de blues malien, et je suis tombé sur cet album. Je n'avais jamais entendu parler du groupe, je n'avais aucune idée de ce à quoi m'attendre, mais j'ai acheté l'album juste parce que la guitare sur la pochette était tellement cool que je ne pouvais pas prendre le risque de ne pas la revoir. Bien sûr, j'aurais pu faire une recherche sur smartphone pour voir de quoi il s'agissait, ou prendre une photo de la pochette pour m'y référer ultérieurement, mais j'ai craqué, sans y réfléchir plus que ça.
Pour mieux comprendre d'où vient Dengue Fever, il faut savoir que le Cambodge a connu une véritable explosion surf et psychédélique à la fin des années 60, sous l'influence de la présence américaine au Vietnam voisin. Cet âge d'or aura été de très courte durée puisque la plupart des artistes qui en faisaient partie ont été exécutés par les Khmers rouges dans les années 70.
Flash forward au début des années 2000, les frères Zac (guitare) et Ethan (orgue) Holtzman forment le groupe Dengue Fever en Californie du Sud à Los Angeles avec la chanteuse khmer Chhom Nimol, dont la voix est typique de la pop cambodgienne. Ils sont même allés jusqu'à sortir en 2010 la compilation Electric Cambodia qui présente plusieurs artistes de l'époque. L'année suivante, c'est ce Cannibal Courtship à l'incroyable pochette qui les a vraiment fait connaître.
L'instrument pour commencer : il est surnommé le Mastodong, puisqu'il est énorme et qu'il mélange une Jazzmaster et le chapei dong veng, un instrument traditionnel cambodgien. Zac Holtzman a choisi cette merveille pour passer rapidement de l'un à l'autre, et tant qu'à faire il ne l'a pas choisie moche, puisque la finition est dorée à paillettes, ce qui va à merveille avec le blanc des micros et plaques de protection ainsi qu'avec les repères en blocs sur la touche. Musicalement, cet album est à l'image de l'instrument : un mélange improbable et magnifique entre musique surf californienne et accents cambodgiens. Les compos sont excellentes, la prod à la hauteur du tout, et les sons naviguent parfaitement entre vintage et barré. Il y a de très beaux orgues kitschs façon Farfisa, de la grosse fuzz crachottante et des belles reverbs à ressort bien dégoulinantes...
En début d'année, le groupe a sorti un nouvel album, The Deepest Lake, et même si il est excellent je dois avouer que Cannibal Courtship reste mon favori. Mais allez savoir si ça n'est pas simplement parce que je l'ai découvert en premier... Écoutez donc le magnifique single Cement Slippers et vous m'en direz des nouvelles ! Et comme le hasard fait bien les choses, ils passent justement en France courant septembre...
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On dirait plutôt les Beach Goys, non?
ReplyDeleteTu veux dire la version non-juive des Beach Boys ???
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