Wednesday, August 27, 2014

Guitares en Seine

Oui, comme tout le monde je suis allé à Rock en Seine ! Mais je ne vous assommerai pas ici à coup de statistiques sur ce festival devenu énorme à force de belles éditions successives (et malgré les concerts annulés de Amy Winehouse en 2008 puis de Oasis en 2009), et je me concentrerai donc sur le seul sujet digne d'intérêt en ce bas monde : les guitares !
Je ne suis pas allé voir tous les concerts, mais j'ai observé pas mal de belles choses et je tenais donc à vous raconter tout ça.

Gary Claque 
Tout commence sur la grande scène autour de 17h, la nouvelle sensation blues Gary Clark Jr. monte sur scène. Du jam glorifié, ça joue très bien mais ça ne compose pas, et du coup ça tourne très vite à l'ambiance façon caveau des oubliettes. Décidément entre Bonamassa et Clark, il y a un vrai marché du blues qui tourne à vide qui fleurit en ce moment... Mais nous ne sommes pas ici (que) pour dire du mal ! Gary est surtout connu pour son utilisation des Epiphone Casino (comme un 335 mais sans poutre central, donc complètement creuse, et avec des P90 à la place des humbuckers), qui fera effectivement son apparition en rouge passé pour un passage slide en open, mais il monte sur scène avec une SG qui paraît dater de 1961 puisqu'elle a le vibrato horizontal typique des toutes premières pelles du genre, en rouge s'il vous plaît, et ça n'a pas l'air d'une réplique... Il sortira aussi une Strat blanche style série L à tête assortie, là je parierai plus sur une Custom Shop mais on ne sait jamais. Côté amplis, deux Twins blackface (probablement de la location), plus un Princeton blackface et une brownface au format tête large, difficile de déterminer la nature de la bête... L'autre guitariste du groupe alterne entre Strat noire type série L et une vraie guitare, c'est-à-dire une Les Paul Junior doublecut en cherry red, probablement d'époque vu l'usure. Il a lui aussi deux Twin, mais cache aussi une vieille tête Park (fabriquée par Marshall donc). Plein de très beau matos donc, mais il manquait des bonnes chansons...

Il y a un Bugg (hahaha)
ça tombe bien justement les bonnes chansons c'est la spécialité de Jake Bugg ! Le singer / songwriter anglais fait partie de mes gros flashs de l'année dernière, et ne l'ayant pas encore vu sur scène je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre... et je n'ai pas été déçu ! Déjà il a un bon goût irréprochable niveau guitares : une acoustique parlor tout acajou avec manche 12 cases et tête ajourée, fabriquée par le luthier anglais Patrick James Eggle, une Strat noire maple type Clapton, une Strat noire palissandre à tête large, et surtout une incroyablement belle Esquire blonde qui avait bien l'air de dater des années 50 (logo spaghetti, pas de logo Custom Shop derrière la tête), et qui remporte sans hésitation mon prix de la guitare la plus excitante du festival... En plus il ne se prend pas la tête sur ses amplis (trois Fender Blues Deluxe), et il sait très bien s'entourer : je me doutais déjà de quelque chose en voyant cette Les Paul Deluxe goldtop immédiatement reconnaissable traîner devant les deux amplis Musicman d'époque, et j'ai eu la très agréable confirmation de voir entrer en scène Matt Sweeney pour accompagner Bugg. Sweeney est reponsable de l'excellente et désormais défunte émission Youtube Guitar Moves (dont je vous parlais dans cet article), et il est surtout un guitariste de session de grande classe qui bosse régulièrement sur les prods de Rick Rubin. Oui, rien que ça. En plus de sa Les Paul, il avait ramené une superbe dreadnought toute noire signée Eggle elle aussi et sur laquelle j'ai pu apperçevoir le réglage dans la rosace d'un système L.R. Baggs Anthem (que Bugg lui-même utilise sans doute aussi). Pour certains morceaux, il avait aussi une ES-390 qui était surtout là pour assurer pendant que la goldtop se faisait réaccorder. Quelle classe...

Les ruches arrivent
 Pour clôturer cette première journée (non, je ne suis pas resté pour voir les singes arctiques), les suédois de The Hives ont pris la grande scène d'assaut pour un set en béton, très envoyé malgré un public bien calme. Là encore la sélection guitaristique est exempte de tout reproche : pour le guitariste de droite c'est Telecaster only, avec une Custom noire d'époque et une Esquire blanche moderne avec binding noir qui a bien l'air d'un assemblage, le tout branché dans un Super Reverb et un Vibrolux, blackface pour les deux. à gauche, Vigilante Carlstroem lui donne la réplique avec une Les Paul Custom noire et surtout une sublime Epiphone Coronet noire à deux pans coupés et un unique mini humbucker (troisième guitare à un seul micro de la journée, c'est une bonne édition !). Niveau amplis, on voit un Vibro King blackface et un Divided By 13, tant qu'à faire... à noter que les roadies sont déguisés en Ninja, et que l'un d'entre eux joue du tambourin ou des maracas pour certains titres. ça ne s'invente pas.

Le Dimanche au Mali
J'ai séché la journée du samedi, et nous voici donc le dimanche pour deux concerts que j'attendais avec beaucoup d'impatience : Tinariwen et les Queens Of The Stone Age. Pour ceux qui ne connaissent pas encore, les Tinwariwen sont un groupe de touaregs du Mali, et ils jouent du blues roots, qui sent la poussière et les chèvres. Tout l'opposé de Gary Clark Jr. en quelque sorte... Et sur scène c'est une expérience incroyable, un exercice de transe sur fond de section rythmique à la fois solide, inébranlable et parfaitement dansante. Il y a un percussionniste, un bassiste (qui joue à gauche sur une Precision Bass maple sunburst à plaque dorée sur laquelles les cordes n'ont même pas été retournées), un guitariste rythmique aussi stable que Malcolm Young (avec une Reverend orange sur un Peavey Classic 30) et trois chanteurs. Ces trois chanteurs prennent à tour de rôle la guitare lead, chacun avec un rig différent : Martin électroacoustique sunburst à pan coupé d'abord, puis Gibson SG standard cherry et Telecaster (blonde un peu sale qui paraît dater des années 70) sur Peavey Delta Blues, et Fender Tornado rouge sur Fender Blues Deluxe. Les trois sonnent de façon différente mais collent parfaitement à la couleur du groupe, belle leçon d'ambiance...
Je m'étais déjà penché sur l'incroyable Fender double manche de Troy Van Leeuwen (ici et ici), et il a effectivement joué avec les Queens Of The Stone sur cette magnifique 6 / 12 cordes ainsi que sur sa Jazzmaster signature, mais il a aussi sorti sa nouvelle Echopark Model J (regardez le site ici, c'est un luthier californien dont j'avais déjà parlé dans cet article). Dean Fertita, le troisième guitariste des Queens, avait lui aussi une nouvelle Echopark La Carne Custom avec deux humbuckers, un chevalet wraparound et six mécaniques en ligne, en plus de la superbe Burns 12 cordes qu'il arborait déjà au Zénith l'année dernière. Le patron, Josh Homme, est resté sur ses MotorAve Belaire (un instrument gigantesque qui va bien à ce géant) et s'est définitivement imposé comme un frontman incroyable... Putain de voix, putain de jeu de guitare, et surtout putains de chansons (dont cet incroyable Fairweather Friends que je n'osais pas attendre)... Il s'agissait du dernier concert des Queens avant les quelques dates sud-américaines qui mettront fin à deux ans de tournée pour l'énorme ... Like Clockwork, et quelle belle manière de dire au-revoir... Vivement la suite !

9 comments:

  1. Woah, superbe dissection de matos... Dis, t'es équipé de jumelles pour noter tout ça ? Et t'as des pass backstage pour voir les logos de derrière les têtes des guitares ? Impressionnant en tout cas, chapeau.

    (Note : "Hives", je pense que ça n'est pas à prendre au sens "ruches" ; le terme au pluriel veut aussi dire "scarlatine" ou "urticaire", je sais plus.)

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    1. Merci ! Pas de jumelles mais tout simplement à l'affût des gros plans sur l'écran géant... et l'habitude ! Et je me doute que Hives n'est pas à prendre au sens de ruches mais ça me fait plaisir de le voir comme ça ;)

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  2. Sinon le dimanche tu as vu Stephen Malkmus ? Côté guitariste atypique, il est extraordinaire. Je sais pas pour son matos par contre...

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    1. Non je l'ai raté, mais d'après les photos il a l'air d'avoir bon goût :)

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  3. Aie aie aie t'es pas allé voir Malkmus?!? Le plus grand guitar hero indie (avec J Mascis).
    En ce qui concerne Gary machin et Bonamachin je suis heureux de voir un guitariste obsédé de guitares tel que toi partager mon sentiment : de la branlette bluesy (je jure que j'ai essayé de les écouter)

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    1. Bah ouais, faut pas déconner quand même ! Et promis la prochaine fois je ne raterai pas Malkmus...

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    2. Ça fait plaisir de ne pas se sentir tout seul.
      Quand je lis les critiques extasiées sur les Joe Bonamassa, John Mayer, Gary Clarke, etc... je ne comprends pas. C'est certe bien joué avec beau son, tout ça, mais c'est d'un ennui !

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    3. Mais oui ! Il faut organiser la résistance :)

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  4. Ouais j'ai vu ça ! Tant mieux, un mec comme ça faut pas qu'il lâche l'affaire...

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