Friday, August 29, 2014

Fantasme 156 - Gibson ES-295 humbuckers

http://www.jayrosen.com/catalog/index.php?&parent_id=745&&selection=Search&parent_id=2704&

On connaît tous l'ES-295, autant dire le modèle signature officieux de Scotty Moore, puisque c'est par son association avec les premiers enregistrements d'Elvis que cette Gibson est entrée dans la légende. Une ES-295, ça a deux P90 blanc, comme la Les Paul gold top d'ailleurs, dont elle est le pendant archtop. Sauf celle ci qui a deux humbuckers. Parfaitement. C'est extrêmement inhabituel, mais d'après ce que dit le magasin qui la vend, il y a en a eu une cinquantaine comme celle-ci. La juxtaposition des deux est magnifique en tout cas, et puis vu que les 295 ont été arrêtées en 1959, les micros sont forcéments des P.A.F. originaux... Oooooh oui.

Wednesday, August 27, 2014

Guitares en Seine

Oui, comme tout le monde je suis allé à Rock en Seine ! Mais je ne vous assommerai pas ici à coup de statistiques sur ce festival devenu énorme à force de belles éditions successives (et malgré les concerts annulés de Amy Winehouse en 2008 puis de Oasis en 2009), et je me concentrerai donc sur le seul sujet digne d'intérêt en ce bas monde : les guitares !
Je ne suis pas allé voir tous les concerts, mais j'ai observé pas mal de belles choses et je tenais donc à vous raconter tout ça.

Gary Claque 
Tout commence sur la grande scène autour de 17h, la nouvelle sensation blues Gary Clark Jr. monte sur scène. Du jam glorifié, ça joue très bien mais ça ne compose pas, et du coup ça tourne très vite à l'ambiance façon caveau des oubliettes. Décidément entre Bonamassa et Clark, il y a un vrai marché du blues qui tourne à vide qui fleurit en ce moment... Mais nous ne sommes pas ici (que) pour dire du mal ! Gary est surtout connu pour son utilisation des Epiphone Casino (comme un 335 mais sans poutre central, donc complètement creuse, et avec des P90 à la place des humbuckers), qui fera effectivement son apparition en rouge passé pour un passage slide en open, mais il monte sur scène avec une SG qui paraît dater de 1961 puisqu'elle a le vibrato horizontal typique des toutes premières pelles du genre, en rouge s'il vous plaît, et ça n'a pas l'air d'une réplique... Il sortira aussi une Strat blanche style série L à tête assortie, là je parierai plus sur une Custom Shop mais on ne sait jamais. Côté amplis, deux Twins blackface (probablement de la location), plus un Princeton blackface et une brownface au format tête large, difficile de déterminer la nature de la bête... L'autre guitariste du groupe alterne entre Strat noire type série L et une vraie guitare, c'est-à-dire une Les Paul Junior doublecut en cherry red, probablement d'époque vu l'usure. Il a lui aussi deux Twin, mais cache aussi une vieille tête Park (fabriquée par Marshall donc). Plein de très beau matos donc, mais il manquait des bonnes chansons...

Il y a un Bugg (hahaha)
ça tombe bien justement les bonnes chansons c'est la spécialité de Jake Bugg ! Le singer / songwriter anglais fait partie de mes gros flashs de l'année dernière, et ne l'ayant pas encore vu sur scène je ne savais pas vraiment à quoi m'attendre... et je n'ai pas été déçu ! Déjà il a un bon goût irréprochable niveau guitares : une acoustique parlor tout acajou avec manche 12 cases et tête ajourée, fabriquée par le luthier anglais Patrick James Eggle, une Strat noire maple type Clapton, une Strat noire palissandre à tête large, et surtout une incroyablement belle Esquire blonde qui avait bien l'air de dater des années 50 (logo spaghetti, pas de logo Custom Shop derrière la tête), et qui remporte sans hésitation mon prix de la guitare la plus excitante du festival... En plus il ne se prend pas la tête sur ses amplis (trois Fender Blues Deluxe), et il sait très bien s'entourer : je me doutais déjà de quelque chose en voyant cette Les Paul Deluxe goldtop immédiatement reconnaissable traîner devant les deux amplis Musicman d'époque, et j'ai eu la très agréable confirmation de voir entrer en scène Matt Sweeney pour accompagner Bugg. Sweeney est reponsable de l'excellente et désormais défunte émission Youtube Guitar Moves (dont je vous parlais dans cet article), et il est surtout un guitariste de session de grande classe qui bosse régulièrement sur les prods de Rick Rubin. Oui, rien que ça. En plus de sa Les Paul, il avait ramené une superbe dreadnought toute noire signée Eggle elle aussi et sur laquelle j'ai pu apperçevoir le réglage dans la rosace d'un système L.R. Baggs Anthem (que Bugg lui-même utilise sans doute aussi). Pour certains morceaux, il avait aussi une ES-390 qui était surtout là pour assurer pendant que la goldtop se faisait réaccorder. Quelle classe...

Les ruches arrivent
 Pour clôturer cette première journée (non, je ne suis pas resté pour voir les singes arctiques), les suédois de The Hives ont pris la grande scène d'assaut pour un set en béton, très envoyé malgré un public bien calme. Là encore la sélection guitaristique est exempte de tout reproche : pour le guitariste de droite c'est Telecaster only, avec une Custom noire d'époque et une Esquire blanche moderne avec binding noir qui a bien l'air d'un assemblage, le tout branché dans un Super Reverb et un Vibrolux, blackface pour les deux. à gauche, Vigilante Carlstroem lui donne la réplique avec une Les Paul Custom noire et surtout une sublime Epiphone Coronet noire à deux pans coupés et un unique mini humbucker (troisième guitare à un seul micro de la journée, c'est une bonne édition !). Niveau amplis, on voit un Vibro King blackface et un Divided By 13, tant qu'à faire... à noter que les roadies sont déguisés en Ninja, et que l'un d'entre eux joue du tambourin ou des maracas pour certains titres. ça ne s'invente pas.

Le Dimanche au Mali
J'ai séché la journée du samedi, et nous voici donc le dimanche pour deux concerts que j'attendais avec beaucoup d'impatience : Tinariwen et les Queens Of The Stone Age. Pour ceux qui ne connaissent pas encore, les Tinwariwen sont un groupe de touaregs du Mali, et ils jouent du blues roots, qui sent la poussière et les chèvres. Tout l'opposé de Gary Clark Jr. en quelque sorte... Et sur scène c'est une expérience incroyable, un exercice de transe sur fond de section rythmique à la fois solide, inébranlable et parfaitement dansante. Il y a un percussionniste, un bassiste (qui joue à gauche sur une Precision Bass maple sunburst à plaque dorée sur laquelles les cordes n'ont même pas été retournées), un guitariste rythmique aussi stable que Malcolm Young (avec une Reverend orange sur un Peavey Classic 30) et trois chanteurs. Ces trois chanteurs prennent à tour de rôle la guitare lead, chacun avec un rig différent : Martin électroacoustique sunburst à pan coupé d'abord, puis Gibson SG standard cherry et Telecaster (blonde un peu sale qui paraît dater des années 70) sur Peavey Delta Blues, et Fender Tornado rouge sur Fender Blues Deluxe. Les trois sonnent de façon différente mais collent parfaitement à la couleur du groupe, belle leçon d'ambiance...
Je m'étais déjà penché sur l'incroyable Fender double manche de Troy Van Leeuwen (ici et ici), et il a effectivement joué avec les Queens Of The Stone sur cette magnifique 6 / 12 cordes ainsi que sur sa Jazzmaster signature, mais il a aussi sorti sa nouvelle Echopark Model J (regardez le site ici, c'est un luthier californien dont j'avais déjà parlé dans cet article). Dean Fertita, le troisième guitariste des Queens, avait lui aussi une nouvelle Echopark La Carne Custom avec deux humbuckers, un chevalet wraparound et six mécaniques en ligne, en plus de la superbe Burns 12 cordes qu'il arborait déjà au Zénith l'année dernière. Le patron, Josh Homme, est resté sur ses MotorAve Belaire (un instrument gigantesque qui va bien à ce géant) et s'est définitivement imposé comme un frontman incroyable... Putain de voix, putain de jeu de guitare, et surtout putains de chansons (dont cet incroyable Fairweather Friends que je n'osais pas attendre)... Il s'agissait du dernier concert des Queens avant les quelques dates sud-américaines qui mettront fin à deux ans de tournée pour l'énorme ... Like Clockwork, et quelle belle manière de dire au-revoir... Vivement la suite !

Tuesday, August 26, 2014

Fantasme 155 - Collings D-45 20 000

http://artisanguitars.com/collings-d-45-special-limited-edition-dreadnought-20000

Oui je sais, encore une Collings ! En même temps elle est tellement belle... Regardez les autres photos, tout est parfait... On jurerait une Martin D-45 de la grande époque avec un tout petit truc en plus ! Il s'agit d'un modèle unique, fabriqué pour fêter la 20 000ème guitare sortie des ateliers Collings. Le corps est bien sûr en palissandre brésilien trié sur le volet, et même l'étui a été fait par la marque texanne, une première pour eux ! Alors bien sûr le prix a de quoi donner peur (67 500 dollars, peut-être négociable à 67 000 qui sait ?), mais en même temps, comme le disent les américains, "it doesn't get better than this"...

Friday, August 22, 2014

Obsédé de Jack White - part 3

Dans les deux articles précédents (Obsédé de Jack White part 1 et part 2), j'ai eu l'occasion de mener l’enquête sur le très-mystérieux matos du grand Jack White. J'étais arrivé aux conclusions que sa guitare principale est une Fender Telecaster American Special hautement modifiée, que son amplification se partage entre un Vibroverb reissue et trois têtes type RCA bien mystérieuses, et qu'on trouve sur son pedalboard une Whammy, une Big Muff, un POG et sans doute une Bumble Buzz de chez Third Man, son propre label. Mon ami Ludovic Egraz, éminent journaliste chez Guitare Xtreme, a été piqué dans sa curiosité par ces deux papiers et a mené sa propre enquête. Voici donc plusieurs photos des amplis mystères :




Malheureusement, ces agrandissements ne permettent pas de déterminer le modèle avec certitude, tant il s'agit probablement de circuits récents hébergés dans une vieille tête RCA. On apprend simplement qu'il y a pas mal de connectique à l'arrière et surtout de la connectique sur le côté. Confirmation de plus que ces têtes ne sont pas là pour faire joli mais qu'elles sont bien branchées...
Mais la plus grosse révélation vient de cet angle nouveau sur le pedalboard de White :


On y retrouve bien les pédales évoquées plus haut (et le POG est donc bien un POG2, et à côté ça a tout l'air d'un compresseur Demeter comme le suggérait un lecteur de ce blog, même si les boutons ne sont pas les mêmes), mais il y a un deuxième pedalboard (le plus près de l'objectif), sur lequel on devine un accordeur Boss TU-2 ou 3 (jusque là rien d'anormal), mais surtout un Eventide H9 (la grosse blanche) et une pédale noire issue de la nouvelle série Minifooger de Moog. La configuration à 4 boutons en fait soit une MF Drive, soit une MF Delay ou aussi MF Trem, et en regardant de plus près il semble qu'on peut distinguer un des deux miniswitches métalliques de la MF Drive. Dans tout les cas, la présence d'une pédale sortie si récemment (les Minifoogers sont disponibles depuis avril 2014) et d'une pédale si poussée dans le côté hi-tech (la H9) montre bien à quel point White est ouvert dans son choix et surtout en constante recherche. Une belle leçon de plus de la part d'un des plus grands à l'heure actuelle.