Saturday, July 2, 2016

Le retour de la vengeance de la Gretsch philosophale

Il y a des guitares comme ça qui vous courent après sans vouloir lâcher l'affaire... J'avais déjà raconté mes traumatismes gretschiens dans l'article The Morning After The New Morning, où j'expliquais en substance que j'adore ma Collings qui est trop facile à jouer et qui résonne comme un extension de mon âme, mais que j'adore aussi le son de ma Gretsch Tennessean de 67 sauf que cette dernière est une tannée à jouer. J'envisageais la solution de bigsbyter la Collings, menace qui est heureusement restée à l'état de projet, mais après la Guitar Fest 2015 et la piètre performance de la Gretsch sur le titre d'ouverture, je l'ai échangée contre une Jazzmaster, me disant que je retrouverais ainsi le plaisir du vibrato sur un instrument plus fiable.
Finalement, j'ai découvert avec la Jazzmaster un univers passionnant mais qui n'a pas remplacé la Gretsch. Je préfère la douceur du Bigsby, et le gros son épais d'une hollow body me manquait. Il faut dire que cette Gretsch m'a énormément inspiré, c'est d'elle que sort une bonne moitié des titres de Tea & Biscuits, dont Brooklyn Cowboy qui lui rend directement hommage (puisque c'est une guitare de cowboy et qu'à l'époque les Gretsch étaient fabriquées à Brooklyn).
Du coup j'ai revendu la Jazzmaster, en me disant que un jour je retrouverai une belle hollow et qu'elle m'inspirerait des bonnes choses et qu'en attendant je me concentrerai sur la Collings qui reste mon cheval de trait indéfectible. Et puis je suis passé dans ce magasin de banlieue dans lequel j'ai bossé pendant fort longtemps histoire de saluer les copains, et je l'ai vue au mur. Un peu comme les animaux zombies qui reviennent à la vie dans un roman de Stephen King, elle était revenue mais avec des trous à la place des boutons et des micros TV Jones à la place des originaux. Entre temps, un autre Julien (sic) l'avait achetée, modifiée puis revendue aussi sec. Il faut dire que d'une part la plupart des contrôles d'une Gretsch ne servent à rien, et d'autre part les micros d'origine était bien vidés. Je l'ai donc reprise en main, et la magie était toujours là. Je suis donc reparti avec, et je me suis dit que foutu pour foutu, j'aimais bien l'idée d'aller dans le sens du dépouillement initié par son propriétaire intermédiaire. J'ai donc enlevé le micro grave et - ô miracle parfaitement prévisible - j'ai gagné un peu de résonance et un look furieux à la Malcolm Young. De toutes façons le micro grave ne m'a pas servi une seule fois de tout le temps où je l'ai eu auparavant. La bonne nouvelle, c'est que le TV Jones de remplacement est parfaitement crédible, et je le trouve ultra proche de l'original, avec un tout petit peu plus de puissance (mais pas énormément non plus, tant mieux).
Reste le problème de la jouer sur scène n'est-ce pas ? Je me dis qu'en fait ça sera une guitare parfaite pour la composition et l'enregistrement, et que son grain sera nickel pour les parties les plus crados de Chicken & Waffle, le troisième album du Julien Bitoun Trio. Et sur scène, la Collings continuera de faire son boulot, puisque je sais exactement à quoi m'attendre de sa part. Ce qui ne m'empêchera pas forcément de changer le chevalet pourri et de faire refretter la Gretsch à un moment... à suivre !
D'ailleurs j'en profite tant que j'y suis... Je ne vous ai pas raconté comment je suis tombé amoureux de cette Gretsch ! La première Guitar Fest a eu lieu en juillet 2014, et pour cette occasion j'ai choisi une dizaine de guitares chez Guitare Village pour changer d'instrument tous les deux morceaux comme une vraie diva. J'ai essentiellement pris des guitares à un micro excitantes, et pour le mini set rockabilly en plein milieu (trois titres avec François à la contrebasse), j'ai choisi cette Gretsch avant tout parce que, étant donné son état, je n'avais pas peur de lui ajouter un pain. J'ai oublié les autres guitares de cette soirée, pourtant très jolies, et cette vieille bique m'est restée entre les mains... L'amour !