Monday, March 12, 2012

Interview - Dave Hunter 2

Comme promis, voici la suite de notre entretien avec l'éminent connaisseur et amateur de beaux instruments Dave Hunter ! Enjoy :)

Quel guitariste représente pour toi le son ultime ?
Il est très difficile de choisir un son "ultime" puisque ce qui marche varie énormément d'un style à l'autre et dépend beaucoup de la chanson. Pfiou... C'est dur. En plus de ça, je ne passe pas tant de temps que ça à écouter des guitaristes pour guitaristes. J'écoute des groupes et je recherche des très bonnes chansons et des belles performances plutôt que des solos prétentieux. Je pense que beaucoup des guitaristes dont on reconnaît le son comme une référence se sont retrouvés dans cette position car ils étaient de très bons guitaristes qui travaillent à un stade précoce de l'évolution du son rock, et se sont fait un nom pour leur jeu, d'où le genre de canonisation de leur son qui a suivi. En général, je ne suis pas fan des sons "doux, crémeux", à haut gain et gorgés d'effets que certaines personnes admirent, même si je peux apprécier de grands guitaristes qui jouent avec ce son et comprendre leur intérêt. Je suis plus attiré par des sons secs, tranchants et malpropres. Quand j'ai commencé à jouer à l’adolescence, je pense que les sons leads de Bruce Springsteen sur Darkness On The Edge Of Town m'ont amené très tôt à la Telecaster, et à l'heure actuelle j'aime ce que fait Duke Levine sur une Tele, plus que le twang propre pour laquelle elle est typiquement utilisée. Ils sont moins connus que des artistes solo parce qu'ils sont sidemen ou membres de groupes mais j'ai toujours adoré les sons de Dave Boquist dans la première incarnation de Son Volt, ceux de Val McCallum sur scène avec Lucinda Williams (et sur quelques titres de son dernier album Blessed), et Tad Kubler de The Hold Steady. Je suis plus fan du son qu'il a sur Stuck Between Stations que sur un son de rock de stade ultra traité.
Je pense aussi que Dan Auerbach des Black Keys a un son très efficace. Il a un bon son sur les albums, avec le grain qui convient parfaitement à ce qu'ils font sur chaque titre, mais j'ai vu les Black Keys sur scène hier soir et le son qu'il a sur scène était incroyablement puissant. Sur une sélection de guitares de série B des années 60 dans des amplis vintage poussés à fond, il sonnait méchant et énorme. Ce n'est pas un son poli du tout, mais c'est magnifique.

Dans ton livre "Tone Manual", tu déclares au départ qu'on peut reconnaître des qualités universelles pour un bon son de guitare comme le sustain et la complexité harmonique. Ne penses-tu pas que pour certains style de musique l'inverse puisse être souhaitable ?
Si bien sûr ! De nombreux sons classiques sur les albums de pop et R&B des années 60 et 70 ont été enregistrés en branchant directement la guitare sur la console, et certains d'entre eux sont parfaits pour les titres. La tâche de juger un son pour un livre ou un magazine est sans pitié, et je suis obligé de m'y essayer en sachant que je ne pourrais jamais parler de tous les grands sons, ou toutes les éventualités sur scène ou en studio. Bien souvent, un son qui marche très bien pour une chanson à l'enregistrement ne sonne pas du tout seul dans la pièce, et tu aurais pu passer à côté si tu n'avais pas essayé en contexte. La variété est une très bonne chose, et il ne devrait pas y avoir de limites dans notre exploration de la variété sonore.

Ton approche du matos change-t-elle quand tu passes de la scène au studio ?
Tout à fait, et je pense que les guitaristes devraient avoir ce réflexe. Quelques gros artistes ont réussi à atteindre leur son caractéristique en amenant leur matos de scène en studio, mais il s'agit vraiment de deux univers différents, deux scénarios de performance différents, et doivent être envisagés séparément. Un volume énorme créée juste des problèmes en studio... Et bien sûr c'est de plus en plus le cas sur scène à l'heure actuelle...


Comment vois-tu l'avenir du design de la guitare ?
Je pourrais tout à fait défendre l'idée que nous n'avons pas forcément besoin d'un avenir général, mais que chaque fabricant qui créée un nouveau design qui sonne et se joue facilement devrait être loué. Il a eu beaucoup de designs radicaux depuis des années, et certains d'entre eux marchent très bien, mais je pense que les meilleures guitares fabriquées à l'heure actuelle sont composées avec un clin d’œil appuyé aux designs classiques des années 50, mais avec une qualité d'assemblage exemplaire, une grande attention pour les détails et un énorme savoir-faire dans beaucoup de cas. En revanche, en ce qui concerne le matériel utilisé, il est clair que les fabricants vont devoir se pencher sur les alternatives à la plupart des bois classiques importés, et la partie la plus délicate de cette bataille et de faire accepter ces solutions aux musiciens, plutôt qu'aux constructeurs.

Et voilà ! Je me suis bien éclaté à faire cette interview très instructive, attendez-vous donc à d'autres rencontres de ce genre sur cette page...

2 comments:

  1. Aaaaaaah voilà ! "La tâche de juger un son pour un livre ou un magazine est sans pitié, et je suis obligé de m'y essayer"
    Es-tu d'accord avec ça ? Est-on vraiment obligés en tant que journaliste ou je ne sais quoi de trouver les critères d'un son "universel" ? Le terme est assez fort tout de même ! Sustain ? Complexité harmonique ?
    Je pense au contraire qu'un bon journaliste doit être capable de reconnaître dès le début que la c'est bien la subjectivité qui est universelle...

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  2. Ben oui mais dans ce cas-là tu n'écris pas de bancs d'essai :p Mais je suis plus d'avis que chaque son peut être utile dans un certain contexte et pour un certain guitariste, et lorsque je teste du matos je me pose toujours la question du "pour qui"...

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