Friday, January 17, 2014

Fantasme 141 - Tracy Cox Modern Vintage

http://umanovguitars.com/store/item/2013-tracy-cox-modern-vintage/

Je ne fais pas souvent des fantasmes acoustiques, mais celle ci m'a tellement tapé dans l’œil... Tracy Cox est l'un des master builders les plus réputés du Custom Shop Martin, d'où la forme OM et la tête caractéristiques de la vénérable marque américaine. Avec cet exemplaire unique, il s'est amusé à faire une guitare hyper décorée (binding de touche, de table, de rosace, plaquage de tête...) qui n'a pas pour autant l'air d'une œuvre néo-kitsch. Le secret ? Les décorations sont systématiquement placées au bon endroit, et le résultat est tout simplement à tomber par terre.

Tuesday, January 14, 2014

EP Julien Bitoun "Carrots And Peas" - matos

Vous n'avez pas pu passer à côté (du moins je n'espère pas) : je suis en train de préparer mon premier EP instrumental, qui sera intitulé "Carrots and Peas". Il est financé via une campagne Ulule (ICI), et vu qu'il s'agit d'un projet instrumental où la guitare a beaucoup de place il me paraissait plutôt cohérent de vous en parler du point de vue du matos utilisé, surtout qu'il y a de quoi faire !
J'avais avant tout l'image d'un son pour cet album : quelque chose de gras, d'épais, et surtout de doux. Un son trop agressif (comme je l'adore dans d'autres contextes) aurait vite été lassant puisque l'on part du principe que la guitare tient le rôle du chant. De plus, je jouais exclusivement aux doigts sur cet EP (à part pour le titre surf bien sûr), et pour profiter pleinement de cette technique il faut du matos ultra réactif derrière. Et de préférence le moins de machins possible entre ma guitare et mon ampli...
Mon son de base était l'alliance d'une guitare et de deux amplis : ma Collings 290 DCS (ma préférée du monde, elle est incroyable), un Fender Pro Junior finition tweed et un Bonefish Lil Tweedy. Les deux amplis étaient actifs en permanence, sans switcher de l'un à l'autre. Au mix, ces deux sons m'ont permis d'avoir une ampleur supplémentaire qui imite un peu le doublage d'une voix pour un album de pop. Le Pro Junior apporte le côté tranchant, brillant et claquant tandis que le Lil Tweedy, qui est un clone très haut de gamme de Fender Deluxe Tweed, était là pour le gain, le gras et le côté "son qui s'écrase".
Pour le titre joué entièrement au slide (Sunset), j'ai utilisé ma Richmond Dorchester avec un Phat Cat Seymour Duncan au chevalet vu qu'elle est réglée assez haute. Pour le titre fretless (Morning Bus), il s'agissait de ma Vigier Surfretter vache. Dans ces deux cas, la configuration d'amplis restait la même. Enfin, pour le titre surf (Tarantino), j'ai utilisé ma Fender Bass VI LTD japonaise jouée au médiator dans une configuration légèrement différente : le Pro Junior était encore là mais l'autre ampli était un Fender Vibroverb 63 reissue, surtout utilisé pour sa reverb à ressort bien profonde.
Côté effets, c'était minime mais je me suis bien amusé ! Il y a un Ring Modulator sur trois notes, une overdrive Kalamazoo Lovepedal sur un solo, et surtout j'ai profité de la vraie stéréo créée par les deux amplis pour faire de vrais effets stéréo... Sur l'intro de Long Beach, il y a en fait deux trémolos qui ne trémollent pas à la même vitesse. Sur le solo de D&B, il y a une pédale de fuzz différente sur chaque ampli (Heavy Electronics Grind Fuzz sur le Bonefish et Earthquaker Devices Dream Crusher sur le Pro Junior). Voilà, c'est à peu près tout ! Il y a bien sûr eu quelques overdubs, pour lesquels mon Two Notes Torpedo C.A.B. a été bien précieux... En attendant il y a de quoi écouter !
https://soundcloud.com/beurks/nachos-in-badwater

Wednesday, January 8, 2014

Fantasme 140 - Silvertone U1 Copper

http://www.chicagomusicexchange.com/vintage/just-arrived/silvertone-u-1-copper-1960s/

Vous connaissez ma passion dévorante pour les guitares à un micro, mais là on donne carrément dans l'engin de compète ! Un seul micro, oui et en plus c'est un lipstick ! Sur une Silvertone ! Avec la tête en bouteille de Coca ! En finition bronze ! Avec une bonne partie qui s'est barrée à force d'usure ! Bref pour goûter à l'incroyable son Silvertone / Danelectro sans tomber dans le plagiat visuel de Jimmy Page, voici une fort belle solution.

Friday, January 3, 2014

L'obsession de Neil Young

Je viens de terminer l'excellente autobiographie de Neil Young. à l'image de la discographie du bonhomme, c'est riche et plein d'idées tout le temps, pas forcément très organisées. On y passe des années 60 à nos jours sans aucune transition, des voitures aux trains miniatures en passant par le combat pour une meilleure qualité de fichiers numériques. En chemin, les références précises au matériel sont rares mais il y parle quand même de ses Gretsch, de sa Les Paul (Old Black) et du matos de studio. J'ai particulièrement aimé le passage où il parle de son fameux Fender Deluxe que j'évoquais déjà dans ma chronique du concert avec Crazy Horse (ICI). Je vous le traduis ici :
"Le Fender Deluxe Tweed des années 50 auquel je fais allusion est mon ampli original, acheté chez Sol Betnum Music sur Larchmont Boulevard à LA dans les années 60. Ce endroit était toujours plein à craquer de vieux Fender, je crois qu'il n'existe plus. J'avais cet ampli dans ma petite cabane de Laurel Canyon à l'époque où j'étais dans le Springfield. Il avait un bon son. Il pompait d'une très belle manière quand on le règlait sur douze ! Oui ! Il va jusqu'à douze ! (Va chier Spinal Tap !) Sur dix il est distordu et épais sans pomper, sur six il est vicieux et tranchant. Sur trois il est tout simplement affreux mais d'une bonne façon. Le whizzer est un outil que nous avons fabriqué qui tourne les boutons manuellement de manière à ce que la qualité du signal ne soit pas compromise. Tout potard ou contrôleur de volume dans la chaîne nique le signal. Le whizzer n'est pas dans la chaîne. En revanche, il contrôle manuellement en tournant le potard de master volume grâce à un moteur."
Si ça n'est pas une belle déclaration d'amour ça... Et en plus c'est une excellente description de l'évolution sonore d'un Deluxe Tweed à différentes positions de sa course de volume ! Selon les rééditions, ce constat peut bien sûr varier : le Bonefish que j'ai utilisé pour mon EP par exemple ne pompe pas quand il est sur 12, il crunche juste plus fort, contrairement à la même réédition chez Victoria Amps qui elle pompe bien ! Comme quoi ça tient à peu de choses...

Friday, December 20, 2013

Fantasme 139 - Gibson J-200m

http://willcuttguitars.com/gibson/gibson-acoustic/gibson-special-production-75th-anniversary-j-200-maple-used

Il y avait déjà eu une mini J200 qui était sortie en tant que modèle signature de Emmylou Harris, mais celle là n'est pas mal non plus... Contrairement à la J-165 (dérivée du modèle Everly Brothers) qui garde les fesses conséquentes d'une J-200 avec une échancrure à la taille plus marquée, la mini J-200 conserve les proportions de la grande mais à une échelle inférieure. C'est à la fois un très bon moyen de passer pour plus grand que l'on est tant l’œil s'est habitué à voir la vraie, mais aussi une manière d'avoir un son plus punchy et agressif. Bref c'est une belle manière de redécouvrir une recette qui continue de nous allécher plus d'un demi siècle après la première bouchée.

Sunday, December 15, 2013

à quoi bon ?


En lisant le bouquin de Pierre Journel, Internet et les Réseaux Sociaux pour les Musiciens (voir chronique ici), je me suis fait une bête réflexion : être musicien dans le milieu professionnel demande quand même une quantité d’efforts impressionnante. Je dis bien « musicien dans le milieu professionnel » pour m’inclure dans le lot : je ne suis pas musicien professionnel puisque je ne mange pas grâce à ma musique. Je fais de la musique avec de nombreuses activités qui ont toutes trait à la musique, mais le fait de jouer de la guitare n’a pas mis le burger dans mon assiette. Mais déjà à cette petite échelle, c’est un boulot complexe, protéiforme et surtout très ingrat. Il faut déjà être bon à la base (donc travailler son instrument, s’imprégner de plein de musiques, composer), mais surtout être disponible, gérer les égos démesurés et les fiertés blessées, gérer sa présence virtuelle, son visuel, booker ses concerts, essuyer de nombreux refus et faire face à des critiques souvent infondées, le tout en gardant le sourire pour ne pas passer pour un sale con, dire le moins de mal possible de tout le monde en sachant bien que si votre interlocuteur balance de telles vacheries sur vos collègues face à vous, il ne se gêne pas pour vous poignarder dès que vous avez le dos tourné.
Pour résumer : c’est un boulot qui vole votre âme exercé dans un milieu de putes. Et je n’ai même pas encore parlé de la torture mentale d’avoir à jouer en studio (ce qui consiste à devoir donner le meilleur de soi-même dans les conditions les moins naturelles possibles) ou l’horreur physique d’une tournée dans des conditions modestes (dormir dans des deux étoiles dans le meilleur des cas, manger des carottes râpées au Twix à chaque repas…). Vous l’avez compris : objectivement, une personne normalement constituée serait plus inspirée de se faire arracher les globes oculaires sans anesthésie plutôt que de choisir cette occupation. Mais alors, pourquoi certains persistent ? En d’autres termes : à quoi bon ?
C’est à la fois très simple lorsqu’on l’a déjà connu et impossible à expliquer pour les autres : c’est ce plaisir ultime lorsque le son est bon, lorsque le groupe est bon, lorsque le public est bon, et qu’une note qui en temps normal serait passée inaperçue devient alors plus forte que jamais, résume à elle toute seule l’univers pendant quelques millisecondes et fait inévitablement oublier tout ce qu’il y autour. Le plaisir de partager la musique, le plaisir de se perdre dans le moment sans penser à rien d’autre, l’alchimie qui opère finalement sans autre raison apparente qu’elle-même. Parfois, le bonheur est simple.

Wednesday, December 11, 2013

Fantasme 138 - Fender Custom Shop Telecaster TV Jones

http://willcuttguitars.com/fender-custom-shop/custom-shop-tele/fender-custom-shop-telecaster-double-tv-jones-nos-w-bigsby-cadillac-green-818

Depuis l'énorme succès du concept Cabronita, il n'est plus inhabituel de voir des micros TV Jones (typiques des Gretsch) sur une Telecaster. Mais ce sublime modèle du Custom Shop pousse encore plus loin le rapprochement entre les deux grandes marques américaines : on retrouve le Bigsby, qui certes apparaît sur certaines Tele mais reste avant tout un attribut gretschien par excellence, et surtout la couleur est issue de la palette Gretsch ! Le Cadillac Green est ma teinte préférée chez Fender, tant sur la Duo Jet que sur la Falcon de Bono. D'accord, elle ressemble énormément à un bon vieux Sherwood Green de chez Fender, mais si ils disent Cadillac Green moi je veux y croire !